L'origine d'un monde

               Je recours à la pornographie lorsque mon identité s’embrume. Une part de ma sexualité s’excite de cet imaginaire mécanique où les corps s’emboîtent à grands cris. Une autre part s’abreuve de contes de fées où culmine l’idéal sentimental et disparaît tout coït. Une troisième part est fascinée par les mœurs animalières. Ma réalité sexuelle, quant à elle, est gauche. Elle hésite entre chasser et être courue, entre donner et se rendre, entre lever le lièvre et vendre la peau de l’ours. Elle oscille entre l’injure et l’effleurement, le lit et le mur, l’horizon et le vertige. Ces dissidences m’écartèlent. Jadis je me suis fragmentée sous les coups répétés de ma mère et son complice absent. Depuis, je n’ai rien inventé si ce n’est ce recours effréné à l’éclat, à l’ébrèchement, à la fêlure, au morcellement.

            Sans doute, pourrais-je tenter ici une patiente reconstitution du vitrail, bit by bit. J’utiliserai la main gauche pour réunir et recoller mes morceaux. Cette main dite sinistre.